L’histoire du biscuit cassé

Faisons une expérience, proposez un biscuit cassé puis rassemblé à un enfant de 3 ou 4 ans. La réponse est prévisible : « Non, pas celui-là, j’en veux un, pas cassé ! »
 
Entre 2 et 4 ans, l’enfant rassemble toutes les pièces de son puzzle intérieur en un tout bien organisé et constitué sur un mode unique. Les pièces isolées de ce puzzle seraient : papa et maman, mes frères et mes sœurs, la jalousie, l’autorité, les jouets, ma chambre, les camarades que j’aime bien, les frustrations, l’autonomie, mes peurs et mes joies, etc. Pour que tout cela s’organise autour de lui (égocentrisme) il lui faut déployer de grands efforts pour créer des liens et des attaches fiables entre ces pièces. Comme si, entre des fjords, existaient des ponts qui reliaient tous ces îlots pour en faire un pays uni.
 
D’ailleurs, à partir de 4 ans, les enfants se passionnent pour le découpage et le collage de papiers et cartons. Tout est prétexte pour se servir de ciseaux et de colle afin de réaliser un patchwork, un livre, une fresque ou un puzzle. L’enfant reproduit ce qu’il a réalisé mentalement durant les deux années précédentes : relier les différentes parties de lui-même en un tout, indivisible.
De même, les enfants de cet âge ne sont pas prêteurs, car leurs jeux et jouets représentent une partie d’eux-mêmes dont il ne faut pas se séparer sous peine de dislocation.


Voilà pourquoi un enfant ne voudra pas d’un biscuit cassé en deux. Ce phénomène s’appelle l’individuation, c'est-à-dire la constitution d’un individu.

  • Publié: 24/01/2014 23:30
  • Par Mark Andris
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