Quand la culpabilité de la mère rejaillit sur son bébé

J’ai reçu un nourrisson de deux mois, couvert d’eczéma de la tête aux pieds. Son pédiatre et le dermatologue étaient désemparés. En tant que psychologue, le seul accès possible à ce bébé restait le dialogue avec la mère, bien sûr. Elle-même, très participative, voulait m’aider à comprendre ce symptôme et à soulager son enfant. Durant l’entretien, ayant abordé la question de sa relation conjugale, cette femme m’avouait être de plus en plus détachée du père. Sa culpabilité était visible, et le bébé qu’elle tenait dans les bras gémissait de manière synchrone aux plaintes de sa mère. Arriva le moment où elle déclara avoir entamé des démarches pour divorcer rapidement. Le bébé pleura de plus belle. L’entretien prit fin, et mes hypothèses nourrissaient mes interrogations, et inversement. Que voulait dire cet eczéma pour ce bébé et sa mère ?

Comme j’en ai l’habitude, j’ai ouvert mon balcon pour prendre l’air entre deux consultations et là… Surprise ! La mère, toute souriante, était aux bras d’un homme qui l’attendait en bas de mon bureau. Au second et dernier entretien, l’affaire était "ficelée" d’avance. Le père de l’enfant était bien l’amant actuel. La mère, fort embarrassée d’avouer cela à son mari, devait irradier d’une culpabilité telle qu’elle rejaillissait sur son nourrisson. Cet eczéma en constituait la sonnette d’alarme… salutaire. La mère a pu dire à son enfant, devant moi, ce qu’il en était de sa filiation et, quinze jours plus tard, l’eczéma disparaissait sous l’effet de cette parole.

par Harry Ifergan

  • Publié: 03/03/2014 02:07
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