L'appareillage pour « vivre debout » : les orthèses, les prothèses, les aides techniques, les fauteuils roulants

Orthèse: appareillage qui permet de soutenir un membre paralysé ou affaibli

Prothèse: appareillage destiné à remplacer un membre ou une partie de membre manquant

C'est en matière d'appareillage que HI a développé de manière évidente de nouvelles technologies adaptées aux contextes environnementaux.

« Il faudrait environ 180 000 professionnels (estimation de l'OMS en 2005) pour appareiller les millions de personnes qui en auraient besoin dans les pays du sud. Or ces pays possèdent peu de centres de formation et, chaque année, ils ne diplôment pas plus de 400 spécialistes capables de fabriquer, d'ajuster des prothèses et d'apprendre aux patients à s'en servir. Certains pays comme le Niger ne comptent aucun orthoprothésiste. Il faut rappeler que 80 % des personnes en situation de handicap vivent dans les pays du Sud. Les plus pauvres, lorsqu'ils souffrent de déficiences motrices, sont contraints de se passer des appareillages orthopédiques qui changeraient leur vie. En 2010, 30 millions de personnes en Afrique, en Asie et en Amérique latine auront besoin d'un appareillage orthopédique. Mais l'accès à des prothèses ou à des orthèses (les attelles, les corsets, etc.) y est impossible pour la majorité de la population pauvre » (extrait du Handicap International : http://www.handicap-international.fr)

Handicap international travaille dans des pays où le manque en matière d'appareillage a amené la population à trouver des solutions locales grâce à « des bricoleurs de génie » qui ont confectionné des prothèses ou d'autres appareillages avec des matériaux trouvés localement: bambou, boîte de conserve, vieux pneu, bois, tôle d'aluminium, plastique récupéré et même douille d'obus. Ainsi les réparations peuvent être réalisées localement par l'utilisateur ou l'artisan. Ce qui compte c'est que la personne appareillée puisse marcher et travailler pour ne plus être une charge pour la famille.

Dans ce contexte de vie et d'environnement des personnes handicapées, HI a développé une technologie intermédiaire avec les matériaux locaux et les infrastructures disponibles, en respectant les données biomécaniques, pour fabriquer des prothèses, des orthèses et d'autres types d'appareillage (béquilles, cadre de marche, fauteuil roulant) et répondre ainsi aux besoins. Que ce soit à Djibouti, au Cambodge ou en Afrique de l'Ouest, HI a collaboré avec des petites entreprises pour fabriquer des fauteuils roulants en bois ou en métal. L'association travaille aussi en étroite collaboration avec les structures de santé locales, pour mettre en place des formations reconnues de techniciens orthoprothésistes, et soutient la création de centres d'appareillage. Il n'y a donc pas de solution technique unique pour satisfaire les besoins des bénéficiaires. Il faut tenir compte du contexte de chaque structure d'appareillage, des matériaux disponibles, du niveau des ressources humaines, des possibilités de formation et de la capacité de suivi des personnes appareillées.

Par exemple, dans les années 90, au Cambodge l'un des objectifs de HI était de mettre en place des ateliers d'appareillage, de former des techniciens en prothèses et de rendre ces ateliers autonomes c'est à dire sans aide extérieure. Dans la province de Pursat, HI a mis en place un atelier d'appareillage où 900 amputés étaient recensés. Handicap International assurait la supervision de l'atelier d'appareillage orthopédique en étroite collaboration avec les autorités provinciales. Les techniciens cambodgiens recevaient une formation préalable à Phnom Penh supervisés par des techniciens d'HI. En 2 ans, les techniciens sont passés de la technologie « cuir-bois » (fabrication de prothèses avec du cuir et du bois) à la technologie polypropylène. En province les techniciens travaillaient au départ sans électricité, avec un rabot, une équerre et une perceuse à main tout en respectant les règles biomécaniques. Handicap International a équipé l'atelier d'un générateur pour changer de technologie. Mais cette nouveauté d'appareillage ne semblait pas convenir à tous les pionniers du plastique qui souvent, revenaient à l'atelier pour confectionner une prothèse en cuir plus facile à réparer localement. HI a travaillé en collaboration avec le ministère de l'Action Sociale et de l'hôpital de province pour améliorer la qualité des appareillages, sensibiliser la population à l'appareillage, former des techniciens, gérer l'atelier d'appareillage, construire et aménager un atelier correspondant aux besoins des personnes handicapées (amputés). Un des objectifs était d'amener l'atelier vers une autonomie en agissant sur tous les volets (technique, administratif et financier). HI a agrandi l'atelier de Pursat en 1992 afin d'augmenter la production et d'améliorer la qualité des services offerts aux patients. L'atelier comprenait entre autre une salle des machines pour le four, une salle de moulage, une salle pour travailler le positif et la finition, un stock, un bureau, un dortoir, une cuisine et un parcours d'entraînement à la marche. Le pied de la prothèse était fabriqué artisanalement par une entreprise cambodgienne dont la technologie avait été mise en place avec la collaboration de HI.

Jusqu'à aujourd'hui, l'association met donc en œuvre des projets de transfert de compétences et de technologies avec des structures locales comme au Cambodge mais également au Mozambique et en Angola, pour fabriquer un pied prothétique en caoutchouc vulcanisé (passé à la cuisson). Ce pied possède des qualités dynamiques indéniables et testées, toujours très esthétique et adapté à la couleur de peau du pays. Cet exemple montre le rôle de HI dans le développement de gammes de composants orthopédiques via un transfert de compétences et de technologies directement en faveur des pays en développement.

Handicap International intervient dans l'urgence auprès de personnes amputées (exemple : tremblement de terre de 1988 à Erevan, en Arménie). L'association dispose aujourd'hui de kits pour l'appareillage de personnes amputées dans l'urgence mis en place avec le réseau des professionnels de l'appareillage :

  • Emboîtures réalisées avec des bandes de résine pour les prothèses tibiales (en dessous du genou), ou modèles standards réglables en polypropylène (plastique thermoformé) pour les prothèses fémorales (au dessus du genou) ;
  • Utilisation d'un système de montage modulaire qui simplifie le travail des orthoprothésistes et change la vie des patients. La prothèse est légère et facile à régler.

« La coordination orthopédie de HI a mis en place un projet de récupération de composants orthopédiques depuis 2005. Ce projet s'appuie sur un réseau d'ateliers d'orthopédie de la région Rhône-Alpes en France et de bénévoles assurant le recyclage de ces composants. Les appareillages reçus sont triés puis démontés. Les composants prothétiques et orthétiques en bon état sont désinfectés, puis reconditionnés dans des sachets plastiques avant stockage. Les bénéficiaires de ces envois ponctuels sont les programmes de HI ainsi que les partenaires locaux de l'association, tels que l'Ecole Nationale des Auxiliaires Médicaux de Lomé au Togo ou bien encore l'école Polytechnique de Solo en Indonésie. Ces deux structures forment des orthoprothésistes et ont parfois des difficultés de financement de matériels pédagogiques pour animer les cours de technologie ou de pratique professionnelle. En 2006, des envois de composants recyclés ont été effectués également au profit d'écoles formant des orthoprothésistes au Togo, en Indonésie, aux Philippines et au Bénin (via l'association d'étudiants du Lycée Montplaisir de Valence). Pour bénéficier de ces composants recyclés, les programmes de HI ou ses partenaires locaux, doivent remplir un certain nombre de critères. Ce projet est accompagné d'une éthique et d'un cadre de fonctionnement pour éviter les « envois poubelles » que l'on voit trop souvent dans les pays du Sud. Il s'agit donc de s'assurer que ce matériel est bien nécessaire là où il est envoyé, qu'il sera utilisé dans de bonnes conditions. Ce projet se veut écologique également. En effet, seul les composants sont destinés à l'exportation vers les pays en développement. Les matières synthétiques, constituant majoritaire de l'appareillage orthopédique, sont retirées et traitées en France. » (extrait du Handicap International : http://www.handicap-international.fr)

  • Publié: 26/01/2012 16:09
  • Par Mark Andris
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