Viagra

Pfizer défend son Viagra face aux autorités chinoises

Pfizer défend son Viagra face aux autorités chinoises

Le procès qui s'est ouvert hier en Chine va être suivi avec une vive attention par tous les industriels de la pharmacie. Le tribunal intermédiaire de Pékin est en effet appelé à se prononcer sur la plainte déposée par le groupe américain Pfizer contre la décision de l'administration chinoise d'invalider le brevet qui avait été accordé au Viagra. Ceci alors que des entreprises locales envisagent de fabriquer des traitements concurrents contre les dysfonctionnements érectiles. En filigrane, cette affaire sera révélatrice de l'attitude des autorités chinoises vis-à-vis de la protection intellectuelle, une question qui conditionne le degré d'ouverture du marché aux grands groupes occidentaux.

Présent en Chine depuis 1994, Pfizer y a investi 600 millions de dollars, en usines et circuits de distribution. La célèbre petite pilule bleue a d'abord été vendue à partir de 2000 en hôpital, en faibles quantités - seuls 300.000 clients officiels par an. Puis, alors que les ventes décollaient pour atteindre des millions d'unités - dont 90 % de contrefaçons - le laboratoire a obtenu en 2001 une licence de la part du Sipo, le bureau chinois de la propriété intellectuelle, pour commercialiser le Viagra en pharmacies. Il est actuellement commercialisé dans 2.000 établissements à travers le pays. Mais c'est alors que les problèmes ont commencé.

Longue tradition. A la suite d'une plainte déposée par dix entreprises chinoises, le Sipo a révoqué le 8 juillet 2004 le brevet accordé au Viagra. Raison invoquée : l'aspect novateur de la molécule n'est pas établi, et sa découverte a en tout état de cause été faite "par hasard", à l'issue de recherches portant des pathologies cardio-vasculaires.

Cette invalidation est d'autant plus préoccupante pour Pfizer que, parallèlement, plusieurs entreprises pharmaceutiques chinoises envisagent de se regrouper pour fabriquer un médicament contre les troubles érectiles, à un prix deux fois moins élevé que le Viagra. Signe que l'industrie locale n'est pas prête à se laisser déposséder d'un marché très prometteur en Chine, où existe une longue tradition de produits destinés à l'amour.

L'affaire est en revanche perçue comme un très mauvais signal par les groupes étrangers, qui redoutent de voir leurs investissements dans le pays de plus en plus fragilisés par l'insécurité juridique qui entoure leurs brevets. Autant dire que le procès du Viagra sera suivi de près. Après avoir entendu les parties et reçu leurs documents, les juges ont, selon la tradition chinoise, annoncé le verdict pour une date ultérieure non précisée.



Eric Meyer,
La Tribune

  • Publié: 15/10/2011 12:44
  • Par Mark Andris
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