L'agrément

Éléments fondamentaux des processus d'agrément

Bien qu'il existe de nombreuses organisations de délivrance de titres professionnels offrant un agrément aux États-Unis, tous les processus d'agrément partagent un certain nombre d'éléments communs. Le premier de ces éléments concerne l'obligation de réaliser régulièrement des analyses d'emploi relatives aux rôles et aux fonctions de la discipline ou du domaine de pratique que le permis encadre. Cette analyse, qu'on appelle parfois analyse des rôles et des fonctions ou analyse des qualifications professionnelles, définit à la fois les fonctions associées aux rôles, de même que les connaissances et les compétences spécifiques que le professionnel doit avoir maîtrisées grâce à son instruction et à son expérience de travail. Cette analyse fournit une description détaillée de la portée de la pratique et un plan détaillé des connaissances et des compétences qui servent à composer les tests du processus d'examen des postulants qualifiés. La plupart des moyens d'évaluation utilisés par l'organisme d'agrément consistent en des examens objectifs conçus par l'organisme pour évaluer le degré d'acquisition de connaissances jugé nécessaire pour procurer des services de qualité dans le cadre de cette profession.

Tous les organismes d'agrément disposent d'un mécanisme d'examen des normes et de délivrance de titres professionnels qui juge de l'instruction et des antécédents professionnels du candidat en vue de déterminer son admissibilité en regard des normes définies par l'organisme réglementaire. Une fois son admissibilité établie, le candidat passe ensuite à la phase d'examen, et s'il réussit cet examen, il reçoit un permis valide pour un certain temps, habituellement trois ou cinq ans. Pendant cette période, le professionnel agréé doit pratiquer en se conformant au code d'éthique spécifiquement adopté par l'organisme d'agrément. Si on constatait des infractions à ce code dans sa pratique, son statut d'agrément pourrait être compromis. Enfin, une autre exigence permanente de l'agrément concerne le perfectionnement professionnel ou la formation continue. La plupart des organismes d'agrément exigent un nombre déterminé d'heures approuvées de formation continue (par exemple, 20 heures par année) afin de permettre aux professionnels de conserver leur titre. Cet élément est exigé par la plupart des organismes d'agrément qui estiment que l'apprentissage et le perfectionnement professionnel tout au long de la carrière font partie intégrante du processus d'agrément.

Agrément en conseil en réadaptation

Dans le domaine de la réadaptation professionnelle, le processus d'agrément du conseiller en réadaptation agréé (en anglais CRC pour Certified Rehabilitation Counselor) est le plus ancien et le plus reconnu des processus d'agrément pour les professions de conseil et de réadaptation (Leahy et Holt 1993, Saunders et coll. 2009). La raison d'être de cet agrément est de garantir que les professionnels pratiquant le conseil en réadaptation font preuve de bonne moralité et possèdent au moins un degré acceptable de connaissances, tel que déterminé par la Commission on Rehabilitation Counselor Certification (CRCC), quant à la pratique de leur profession. On considère que l'existence de ces normes est dans l'intérêt primordial des clients des services de conseil en réadaptation et de la population en général. D'un point de vue historique, le programme d'agrément du conseiller en réadaptation émanait des préoccupations professionnelles de la American Rehabilitation Counseling Association (ARCA) et de la National Rehabilitation Counseling Association (NRCA).

Depuis l'origine du titre professionnel et la mise en place ultérieure de la CRCC en 1974, plus de 35 000 professionnels ont entrepris le processus d'agrément. Aujourd'hui, il y a plus de 16 000 conseillers en réadaptation agréés pratiquant aux États-Unis et dans plusieurs pays étrangers (Leahy et Holt 1993, Saunders et coll. 2009). Les normes d'agrément et le contenu de l'examen pour l'agrément du conseiller en réadaptation ont été validés empiriquement par le biais d'efforts de recherche continus depuis la fondation de la Commission il y a plus de 35 ans. Ces normes représentent le degré d'instruction, d'expérience et de connaissances exigé des conseillers en réadaptation, conformément aux exigences de la profession, afin de fournir des services de réadaptation professionnelle aux personnes présentant des incapacités, et ce, dans l'ensemble des cadres de pratique en conseil en réadaptation. Le titre de conseiller en réadaptation agréé est reconnu en tant que norme, et il est reconnu par d'autres organismes de réglementation et d'agrément comme le titre plus important de la profession de conseiller en réadaptation.

Au fil des ans, on a accumulé un vaste corpus de connaissances empiriques grâce à différentes méthodes de recherche (par exemple, des approches d'analyse de l'emploi, des rôles et des fonctions professionnelles, des compétences professionnelles et des incidents critiques). Ces travaux ont permis de déterminer et de définir les compétences et les fonctions d'emploi spécifiques essentielles pour la pratique du conseil en réadaptation et pour obtenir des résultats satisfaisants auprès les clients traités (Leahy et coll. 1993, Leahy et coll. 2003, Leahy et coll. 2009). Dans ces études, les chercheurs ont tenté de mieux comprendre le rôle des conseillers en réadaptation en relation avec ce qu'ils font en pratique, en s'attardant aux fonctions et aux tâches de travail spécifiques leur permettant d'obtenir des résultats satisfaisants auprès des personnes présentant des incapacités. Les chercheurs ont aussi étudié les domaines sous-jacents de connaissance requis pour l'exécution des fonctions professionnelles essentielles et associées au rôle professionnel. Ils ont étudié ces qualifications professionnelles selon leur importance, en fonction de la formation du professionnel et de ses réalisations, ainsi que de toute différence liée aux cadres de pratique et aux caractéristiques du conseiller présente dans ces variables (Leahy et coll. 2009).

Au cours des premières années d'existence de cette discipline, des études comme celles-ci ont aidé les organismes de réglementation à diffuser de l'information concernant les normes élaborées dans les domaines de l'agrément des programmes de formation et de l'agrément des praticiens (par exemple, Berven 1979, Emener et Rubin 1980, Harrison et Lee 1979, Jaques 1959, Leahy et coll. 1987, Muthard et Salamone 1969, Rubin et coll. 1984, Wright et Fraser 1975). Plus récemment, le lien explicite entre la recherche empirique et la définition de normes par les organismes de réglementation de la discipline, ainsi que l'application des connaissances dérivées de ces activités, ont considérablement évolué (Leahy et coll. 2009).

Dans la plus récente évaluation des compétences et des fonctions d'emploi du conseiller en réadaptation réalisée par Leahy et coll. (2003), sept fonctions professionnelles principales ont été identifiées : l'orientation et le conseil professionnel, l'intervention en conseil, les activités des services communautaires de réadaptation, la gestion de cas, la recherche appliquée, l'évaluation, la défense de la profession; de même que six domaines de connaissance : le conseil en carrière, l'évaluation et le conseil; les théories, les techniques et les applications du conseil; les services et les ressources en réadaptation; la gestion de cas et la gestion du nombre de cas; les systèmes de soins et de soutien aux personnes ayant des incapacités; les implications médicales, fonctionnelles et environnementales de l'incapacité. En ayant recours à ces résultats pour concevoir les modalités de l'examen, la Commission on Rehabilitation Counselor Certification (CRCC) a combiné les principaux domaines et sous-domaines pour concevoir à partir des spécifications un diagramme comportant 12 domaines (Leahy et coll. 2009).

Agrément dans le domaine de la gestion des limitations fonctionnelles

En plus du titre professionnel de conseiller en réadaptation agréé, il existe un certain nombre de titres apparentés que les professionnels en réadaptation professionnelle peuvent détenir aux États-Unis. Le premier de ces titres est le spécialiste agréé en gestion des limitations fonctionnelles (en anglais CDMS pour Certified Disability Management Specialist, autrefois appelé CIRS pour Certified Insurance Rehabilitation Specialist), qui existe depuis 1983 environ. Ce titre a été défini pour englober divers professionnels fournissant des services directs de réadaptation professionnelle à des personnes recevant des prestations de programmes d'indemnisation destinés aux personnes ayant des incapacités.

Les fonctions de la gestion des limitations fonctionnelles sont réalisées en milieu de travail et consistent en l'analyse, la collaboration, la coordination, la prévention des incapacités, l'intervention en milieu de travail, le retour au travail, ainsi que la mise en œuvre et l'évaluation des programmes de gestion des limitations fonctionnelles (Certified Disability Management Specialist Commission [CDMSC], s.d.; Rosenthal et coll. 2007). L'un des objectifs fondamentaux de la gestion des limitations fonctionnelles est d'aider les travailleurs atteints d'une blessure ou d'une incapacité à atteindre un degré optimal de productivité tout en limitant les coûts engendrés par cette blessure ou cette incapacité pour l'employeur et les intervenants concernés. La gestion des limitations fonctionnelles se caractérise habituellement par un accès direct au milieu de travail (Currier et coll. 2001). Elle est principalement réalisée dans le cadre d'entreprises privées (individuelles) de réadaptation, de compagnies d'assurance ou en pratique privée (Rosenthal et coll., 2007).

La gestion des limitations fonctionnelles remonte à la fin des années 1970 et au début des années 1980 aux États-Unis lorsque la montée en flèche des coûts liés aux incapacités devint une préoccupation importante des employeurs et des assureurs (Rosenthal et coll., 2007). À ses débuts, la gestion des limitations fonctionnelles était presque entièrement axée sur le retour au travail des personnes blessées ou atteintes d'une incapacité. Au fil des années, le centre d'intérêt de la gestion des limitations fonctionnelles s'est élargi pour englober la prévention, la sécurité, le bien-être des employés, la gestion thérapeutique et l'absentéisme, en plus d'autres domaines émergents aidant à atténuer les conséquences négatives d'une incapacité (CDMSC s.d.; Rosenthal et coll. 2007).

Il y a environ 3 000 personnes portant actuellement le titre de spécialiste agréé en gestion des limitations fonctionnelles. Une personne désirant exercer cette profession doit :

  1. détenir une combinaison déterminée d'antécédents scolaires et professionnels. Cette expérience doit totaliser un minimum de 18 mois, dont 6 sous la supervision d'un spécialiste agréé en gestion des limitations fonctionnelles (CDMS), d'un gestionnaire de cas agréé (en anglais CCM Certified Case Manager) ou d'un conseiller en réadaptation agréé (CRC);
  2. être de bonne moralité et
  3. subir et réussir l'examen d'agrément de spécialiste agréé en gestion des limitations fonctionnelles (CDMSC, s.d.)

Les exigences de l'agrément sont établies par la Certification of Disability Management Specialists Commission (CDMSC). La National Commission for Certifying Agencies accrédite la CDMSC pour gérer ce titre professionnel. Une fois agréé, le titre professionnel est valide pour une période de cinq ans. À ce moment, le spécialiste agréé en gestion des limitations fonctionnelles doit démontrer qu'il a suivi au moins 80 heures de formation continue ou bien subir et réussir à nouveau l'examen d'agrément pour conserver son titre professionnel (CDMSC s.d.).

La première étude de rôles et de fonctions professionnelles a été menée en 1999 par la CDMSC et doit être reprise tous les cinq ans (CDMSC s.d.). La plus récente étude de rôles et de fonctions professionnelles, menée en 2004, semble confirmer l'évolution pressentie dans la gestion des limitations fonctionnelles en réduisant à trois les cinq domaines identifiés dans l'étude précédente. Rosenthal et coll. (2007) ont laissé entendre que cette évolution pourrait être due à la fusion des pratiques individuelles et organisationnelles de la gestion des limitations fonctionnelles. Les trois domaines de la pratique actuelle consistent en : 1o la gestion des cas de limitations fonctionnelles, 2o la prévention des incapacités et l'intervention en milieu de travail et 3o le développement, la gestion et l'évaluation de programmes.

Dans une économie de plus en plus concurrentielle, les attentes envers les spécialistes en gestion des limitations fonctionnelles concernant des résultats de qualité et une limitation des coûts sont susceptibles d'augmenter. Afin de conserver la crédibilité de la profession, on s'attendra probablement à ce que les spécialistes en gestion des limitations fonctionnelles accroissent l'utilisation d'une pratique fondée sur l'expérience clinique et leur connaissance de la recherche existante (Rosenthal et coll., 2007). Il semble qu'avec le coût de plus en plus élevé des soins de santé et des incapacités pour les employeurs et les assureurs, le spécialiste en gestion des limitations fonctionnelles devrait être un intervenant essentiel dans l'avenir pour les personnes blessées ou atteintes d'une incapacité en milieu de travail.

Agrément en gestion de cas

Enfin, le gestionnaire de cas agréé (en anglais CCM Certified Case Manager) est la plus récente certification professionnelle. Élaboré en 1993, il a été conçu d'après le processus de gestion de cas, tel que pratiqué par de nombreux professionnels de domaines variés, dans différents milieux de soins de santé et de la réadaptation aux États-Unis. La gestion des cas se définit comme « un processus de collaboration interdisciplinaire conçu pour intégrer et coordonner les services de soins de santé visant à obtenir une qualité élevée de services et des coûts bien gérés » (Tahan et coll. 2006a). Elle touche l'évaluation, la planification, l'utilisation des ressources et l'évaluation des services dans le but d'augmenter la probabilité de satisfaire les besoins du client de manière efficace et économique. Les gestionnaires de cas sont présents dans de nombreux milieux, y compris : les organisations gouvernementales, les compagnies d'assurance en santé, l'indemnisation des accidentés du travail, les hôpitaux, les entreprises de soins gérés et autres (Tahan et coll. 2006b).

La gestion de cas n'était pas une discipline reconnue avant les années 1990. La plus grande part de la croissance survenue au cours de la dernière décennie provient de la croissance soudaine des soins gérés, du développement et du coût des technologies médicales ainsi que de la demande croissante en services de soins de santé pour la population vieillissante des États-Unis (Tahan 2005).

Il existe à l'heure actuelle plus de 40 000 professionnels détenant le titre de gestionnaire de cas agréé, nombre qui a énormément augmenté au cours de la dernière décennie. Les exigences d'agrément comprennent : 1o détenir une expérience de travail de 12 à 24 mois à temps plein en gestion de cas, dont une période de 12 mois exigeant la supervision d'un gestionnaire de cas agréé, à moins que le candidat soit déjà le gestionnaire de travailleurs en gestion de cas; 2 o être de bonne moralité et 3 o subir et réussir l'examen d'agrément du CCMC (Commission for Case Manager Certification [CCMC] s.d.). L'agrément est valable pour cinq ans. À la fin de cette période, le gestionnaire de cas agréé doit démontrer qu'il a réussi suffisamment d'heures de formation continue pour conserver son agrément ou il devra subir et réussir à nouveau l'examen d'agrément (CCMCb s.d.). Le gestionnaire de cas agréé est supervisé par la Commission for Case Manager Certification (CCMC). Bien que la CCMC ne soit pas le seul organisme à offrir le titre de gestionnaire de cas, il s'agit du processus d'agrément le plus ancien et le plus reconnu (Tahan 2005). La CCMC est aussi le seul organisme de réglementation agréé par la National Commission for Certifying Agencies (CCMCa s.d.).

La première étude des rôles et des fonctions a été menée pour la CCMC par Leahy (1994) et une autre étude a ensuite été menée par Chan et coll. (1999). La plus récente, datant de 2004, identifie six domaines de pratique actuelle. Ces domaines sont fort semblables à ceux mentionnés dans les études précédentes (Tahan et coll. 2006b). Les six domaines actuels de la pratique de gestion de cas sont : 1o les concepts de la gestion de cas, 2o les principes et les stratégies de la gestion de cas, 3 o les systèmes de soutien professionnel et psychosocial, 4 o le remboursement des soins de santé, 5 o la gestion de la prestation de soins de santé et 6 o les concepts et les stratégies en orientation professionnelle.

Beaucoup des facteurs ayant contribué à l'augmentation du nombre de gestionnaires de cas agréés dans les années 1990 persistent aujourd'hui, y compris : la montée en flèche du coût des soins de santé, les progrès des technologies médicales et l'accroissement de la population vieillissante (Tahan, 2005). L'importance accordée par le gestionnaire de cas agréés aux services économiques et de grande qualité est en forte demande dans les domaines des services sociaux et des soins de santé.

  • Publié: 07/01/2012 16:05
  • Par Mark Andris
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